Comment ne pas s’intéresser
à l’exposition accrochée aux cimaises de la galerie «
Le Zodiaque »? C’est à l’aluminium que Leunens confie l’expression
de sa sensibilité picturale. Les panneaux qu’il présente
constituent l’aboutissement d’une longue évolution intérieure
secondée par une patiente mise au point des procédés
d’exécution. Le goût des matières subtilement
travaillées l’inspire très certainement, mais davantage encore
la mystérieuse fascination des modulations en grisaille. Chez
lui, la vision de l’espace respire, vit, se charge des résonances
de l’émotion perceptive.
Le matériau
auquel il a recours met surtout en évidence l’originalité
et le raffinement de ses ressources techniques. Ce Flamand de Paris
est parvenu à imposer aux surfaces glacées du métal,
grâce à des recherches personnelles, une gamme de dégradés
d’une chaleureuse cohésion qui s’échelonne de l’opacité
à la brillance, des modulations sous-jacentes aux reliefs irradiants.
Sur des fonds nocturnes flottent des traînées de couleurs
et scintillent des traits aériens dont les trajectoires fuyantes
éveillent l’animation, la profondeur et la féerie des surfaces
monochromes. Les remarquables « monotypes métallisés
» que l’on y rencontre d’autre part prouvent de même les réussites
de cet artiste, à partir de moyens et d’une poétique de lignée
graphique.
L.L. Sosset, Bruxelles, Beaux-Arts, 1964.